Christelle Laloi est Directrice du Centre Marne, un des trois centres en charge de la production et de la distribution de l’eau potable pour 150 communes en Île-de-France et 4,7 millions d’habitants, pour le compte du Syndicat des Eaux d’Île-de-France (SEDIF), et des Établissements publics territoriaux, Est Ensemble et Grand-Orly Seine Bièvre. Elle dirige l’usine de Neuilly-sur-Marne, appartenant au SEDIF, et plusieurs sites associés, ainsi que les équipes réseau opérant dans les communes rattachées au Centre Marne. C’est un poste à haute responsabilité qu’elle endosse avec sérénité depuis 2022.
Les journées de Christelle sont rythmées et très intenses. Au-delà des grands rendez-vous annuels, comme la période des vœux, les audits au printemps, la semaine internationale de la Santé et de la Sécurité en septembre, Christelle pilote et assiste à diverses réunions (budget, production, sujets RH, projets d’entreprise…), ainsi qu’aux points de situation hebdomadaires de Veolia Eau d’Île-de-France, avec tous les membres du Comité Exécutif, chaque mercredi matin. “Cette réunion ne dure qu’une demi-heure. Nous sommes très rôdés, c’est comme un journal télévisé. Chacun prend la parole à son tour — Direction générale, DACE, DRH, Direction Centre Marne, Direction Centre Oise, Direction Centre Seine, Direction Clientèle, Direction financière… Cela permet à Nathalie Duchevet, notre Directrice Générale, d’avoir une vision globale et, à chacun, d’avoir une vision des situations au fil de l’eau. Ensuite, nous avons un ‘comex’ plus classique tous les mois.” Pour Christelle, c’est important de se voir régulièrement et de partager avec toutes les parties prenantes, ensemble, la vision de l’entreprise. Une vision en accord avec la réalité du terrain qu’elle connaît bien.
Une expérience enrichissante acquise sur le terrain
Avant d’être Directrice de Centre chez Veolia Eau d’Île-de-France, Christelle avait déjà passé 21 ans au service de l’eau, tout en travaillant dans différents services. Elle a commencé à la Compagnie Générale des Eaux¹ en tant qu’Ingénieur études, pour faire de la modélisation hydraulique. “Je modélisais le réseau, les ouvrages, les stations de pompages. Je faisais des schémas directeurs de distribution d’eau potable. Un travail que j’ai beaucoup aimé car très concret : on construit, on se projette.” Puis, Christelle intègre la Direction Technique pour faire de l’ingénierie en assistance à maîtrise d’ouvrage et maîtrise d’œuvre. “C’était très difficile mais formateur. À l’époque, il n’y avait pas de smartphone, on était très souvent dehors. Cette expérience m’a beaucoup appris sur la gestion des équipes sur le terrain et la gestion des aléas, ainsi que le management de projet.” Quelques années plus tard, Christelle devient Responsable métier du projet ServO, le centre de pilotage du Service public de l’eau qui traite en continu des millions de données afin d’optimiser l’approvisionnement en eau potable à l’ensemble des consommateurs du territoire.
Elle apprend alors à manager et fait l’adhésion au sein des équipes. Pour y parvenir, elle suit les conseils de ses superviseurs qui l’ont beaucoup accompagnée pendant toute sa carrière. Elle nous racontait, d’ailleurs, qu’elle leur en était sincèrement reconnaissante !
Manager, c’est avant tout être présent et à l’écoute
Ces conseils, aujourd’hui, elle en garde le secret mais continue de les appliquer des années après. Quand on pose la question à Christelle : “Pour vous, ça veut dire quoi manager ?”, elle répond spontanément “savoir créer de la cohésion et de l’adhésion, tout en étant soi-même convaincue”.
Il faut savoir expliquer aux équipes les tenants et aboutissants des projets et les décisions de l’entreprise. Il faut aussi être visible, être présent sur site et en contact permanent avec les équipes. “On ne peut pas être en télétravail, surtout si les équipes que l’on manage ne le sont pas, comme c’est le cas à Neuilly-sur-Marne. Ma porte est aussi toujours ouverte, même si parfois les personnes n’osent pas rentrer dans mon bureau (Rires). Mais c’est fondamental !”
Dans son rôle de manager, Christelle Laloi travaille main dans la main avec son Directeur adjoint, Denis Ramette. Ils ont des expertises complémentaires et se concertent régulièrement dans une totale transparence : “On est tous les deux très instinctifs, mais Denis a un raisonnement qui va plus être le résultat de ses expériences, alors que mon approche est davantage scientifique. Mais ce qui est drôle, c’est que nous arrivons aux mêmes conclusions.” Il y a manifestement beaucoup d’empathie professionnelle et beaucoup d’écoute au sein de ce binôme.
Directe, directive, et bienveillante !
De l’écoute et de la reconnaissance : c’est bien ce que Christelle met en œuvre aussi quand elle nous dit veiller à remercier et à partager les réussites de ses collaborateurs. “Je le fais naturellement et c’est essentiel.” En revanche, elle n’hésite pas aussi à faire des recadrages quand cela est nécessaire, notamment au cours de réunions. “On ne peut pas tergiverser indéfiniment. À un moment donné, il faut prendre des décisions et avancer.” C’est à l’image de sa personnalité. Christelle se définit comme une personne “directe et directive”. Des qualités essentielles quand on a un poste à responsabilités et qu’on doit gérer une usine classée Seveso seuil bas², avec des produits chimiques, des zones explosives, des chaufferies. Toutes ces installations sont soumises à des procédures de sécurité très strictes et réglementées. Et on ne badine pas avec la sécurité. Christelle y veille comme le lait sur le feu.
Prévenir les accidents, gérer les incidents : une priorité absolue
Tous les matins, Christelle a un réflexe : prendre connaissance de la météo. Pour quelle raison ? Afin d’anticiper les éventuels incidents, voire éventuelles crises, liés aux conditions météorologiques. Gel, fortes chaleurs, pluies, orages… Autant d’aléas climatiques qui peuvent entraîner des pannes électriques, altérer le fonctionnement de l’usine et le bien-être des équipes, notamment en cas de canicule. Et, quand l’incident arrive, lié à la météo ou non, il faut savoir réagir immédiatement. A fortiori quand l’incident est majeur. “Tout incident relevant d’un niveau critique lié à la continuité de service doit faire l’objet d’une information et nous sommes généralement informés dans la demi-heure”, précise Christelle. Comme le jour où il y eut une grosse casse de conduite qui a provoqué une inondation dans les rues de Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne) en décembre 2022. “Je l’ai su tout de suite car j’étais d’astreinte ce jour-là. Branle-bas de combat. Il faut identifier le tuyau cassé, faire l’arrêt d’eau, barrer la route, s’assurer que la circulation continue, éviter les dommages chez les riverains, être en lien avec la Mairie… On avertit le SEDIF par une procédure d’alerte. On étudie les moyens pour réparer au plus vite. Il nous faut des équipes, des soudeurs. On doit gérer les relations avec les journalistes, prévenir les assurances, rassurer les riverains, les écouter, appeler des prestataires pour gérer le nettoyage…”. Au final, la fuite est réparée et tout rentre dans l’ordre avec la coordination de tous les métiers. Christelle s’en souvient encore comme si c’était hier. Tout comme ce jour de juillet 2018 : les usines de Neuilly-sur-Marne et de Choisy-le-Roi tombent en même temps suite à une avarie électrique sur le réseau général de RTE. “La frayeur de ma vie”, nous confie-t-elle. Heureusement et comme à chaque fois : tout s’est bien et rapidement terminé.
Au quotidien, Christelle ne baisse d’ailleurs pas la garde. La prévention des accidents, ce n’est pas uniquement lors des exercices de gestion de crise et de plan d’organisation des secours qui ont lieu avec la présence des pompiers ou d’autres instances, notamment préfectorales. La prévention, c’est tous les jours et à chaque instant. Christelle Laloi observe tout ce qui se passe lorsqu’elle se déplace dans l’usine et n’hésite pas à intervenir quand une situation ne lui convient pas.
Par exemple “si je croise un collaborateur qui n’a pas bien mis son équipement de sécurité, si une zone présente le moindre risque, je fais en sorte d’y remédier immédiatement. Cela fait partie de mon job.”
L’eau, une évidence
Cette rigueur en toutes circonstances et ses convictions lui ont notamment permis d’évoluer au sein de l’entreprise. “On récompense les personnes loyales et investies. Dès lors qu’on estime qu’elles ont les compétences, alors on les challenge en les faisant évoluer.” Et Christelle en sait quelque chose : lorsque la Directrice Générale, Nathalie Duchevet, lui a proposé le poste de Directrice adjointe au Centre Marne en 2018, elle fut très surprise, un peu impressionnée aussi par l’envergure du poste. 24 heures plus tard, elle acceptait la proposition. Avec fierté et détermination.
Et la suite ? Une chose est sûre : Christelle veut continuer à travailler dans le domaine de l’eau. “L’eau, c’est utile, c’est évident”, précise-t-elle. Il en est ainsi depuis qu’elle a commencé ses études en ingénierie hydraulique et mécanique des fluides, et même plus petite, quand elle regardait passer les poissons dans les cours d’eau avec son père et son grand-père. À l’époque, elle voulait construire des ponts. Depuis ce temps, de l’eau a coulé sous les ponts… Et Christelle a su construire un brillant parcours au sein de Veolia Eau d’Île-de-France, au service de cette ressource si précieuse, si utile, l’eau…
¹La Compagnie générale des eaux ou CGE ou Générale des eaux était une société spécialisée dans la distribution d’eau en France. Elle a pris le nom de Vivendi en 1998, puis Veolia Environnement, qui est ensuite devenu Veolia.
²En France, la réglementation distingue deux seuils de classement en fonction de la dangerosité des sites. Il existe le “Seveso seuil bas” et le “Seveso seuil haut”. La première catégorie regroupe environ 500 établissements représentant un risque important. Et la seconde compte plus de 600 établissements représentant un risque majeur (source : Novethic).
Copyright : Grégoire Voevodsky, Agence Everyday, Veolia Eau d’Île-de-France