Un métier au cœur de la production de l’eau potable

Partez à la rencontre d'Adeline Ardilio, Chef de projet Travaux Usines au Centre Marne chez Veolia Eau d’Île-de-France

Adeline Ardilio est Chef de projet Travaux Usines au Centre Marne chez Veolia Eau d’Île-de-France. Sa mission : accompagner les projets de travaux à l’usine de Neuilly-sur-Marne mais également dans tous les sites distants associés. Il s’agit de travaux de rénovation et d'amélioration. À ce titre, elle relit les études projet du Syndicat des Eaux d’Île-de-France (SEDIF) afin de pouvoir donner l’avis du délégataire, fait remonter les besoins de travaux, coordonne toutes les phases des chantiers avec les autres services et intervenants ou encore veille à la sécurité des collaborateurs durant les travaux. Un métier à 100 à l’heure. Rencontre.


Adeline travaille en tant que Chef de projet Travaux Usines depuis décembre 2021, mais elle travaillait déjà au Centre Marne depuis 2016. “Je venais de terminer mon alternance au sein du Département Santé et Sécurité chez Areva et je voulais trouver un poste en lien avec mon diplôme dans l’industrie, quand je suis tombée sur l'offre publiée par Veolia Eau d’Île-de-France qui recrutait un Responsable Système de Management au Centre Marne. J’ai postulé et j’ai pu intégrer l’entreprise”, explique-t-elle.

Titulaire d’un Master en Qualité Environnement et Sécurité Sanitaire, Adeline est alors référente pour ce qui concerne la réglementation environnementale. Le site étant classé Seveso seuil bas1, il est soumis en effet à une réglementation très encadrée visant à identifier et à prévenir les risques d’accident pour en limiter les impacts, qu’Adeline veille alors à faire respecter. Dans le cadre de cette mission, elle accompagne également les audits de certification en matière de qualité, de sécurité ou d’énergie. Après quelques années à ce poste, elle change un peu de direction et devient Chef de projet Travaux Usines, mais toujours au Centre Marne. “Être en contact avec la partie terrain pour comprendre le fonctionnement d’une usine d’eau potable de l’intérieur, c’est exactement ce que je cherchais”, commente-t-elle. 

Le regard et la voix de l’exploitant

Concrètement, elle accompagne des projets d'investissement du SEDIF, propriétaire des installations d'ouvrages que Veolia Eau Île-de-France exploite en tant que délégataire de services publics. “Mon rôle est d’apporter au SEDIF et à la maîtrise d'œuvre notre retour d’expérience en tant que délégataire. Au quotidien, on participe aux réunions d’exploitation avec l’ensemble des services qui nous font remonter tout ce qui se passe dans l’usine. Cette connaissance du terrain nous permet de savoir précisément comment les choses fonctionnent dans la réalité et nous permettent d’émettre des avis pour chaque évolution envisagée”, précise Adeline. 

Exemple de plan détaillé de l'usine de Neuilly-sur-Marne sur lequel travaille Adeline.

En collaboration avec ses collègues de la DACE (Direction Assistance et Coordination Exploitation),
qui sont les interlocuteurs privilégiés pour rédiger l’avis du délégataire, Adeline analyse les études réalisées par la maîtrise d’oeuvre pour chaque phase du projet, telle que l'étude de faisabilité, l'avant-projet, le projet, jusqu'à la création d'un cahier des charges destiné aux entreprises qui vont réaliser les travaux. Tout projet de travaux suit en effet un certain nombre d’étapes. L’étude de faisabilité permet de vérifier la viabilité du projet et de confirmer le besoin. Si le besoin est confirmé, on passe alors à l’avant-projet qui décrit celui-ci dans les grandes lignes. Vient ensuite le dossier de consultation des entreprises (DCE) qui vise à sélectionner celles qui interviendront sur le chantier. Le SEDIF analyse enfin les candidatures des entreprises et retient celles qui travailleront sur le chantier concerné. Une fois cette phase d’étude terminée, la phase chantier peut alors démarrer. 

En ce moment, Adeline relit un projet de rénovation de la prise d'eau de la Marne, l’endroit où l’eau est prélevée, dégrillée et tamisée pour être ensuite traitée. Actuellement composée de trois files de captage, le projet prévoit de les rénover et d’en créer une quatrième. Lors de sa lecture, Adeline va devoir porter une attention particulière à la sécurité des ouvrages et du chantier, à la continuité de service de production d’eau potable pendant les travaux envisagés, à la sécurité sanitaire ou encore à la performance environnementale et la sûreté du projet. 

Superviser la réalisation des travaux pendant les phases chantier

Adeline intervient également sur les chantiers. Elle s’assure que les futures infrastructures sont faciles à maintenir, elle veille à leur optimisation, et que le chantier se déroule en toute sécurité. “En phase chantier, on met en œuvre les recommandations qu’on a formulées au cours de la phase d’étude”, explique Adeline. “Mon rôle est à la fois de garantir que le chantier n’aura pas d’impact sur la production d’eau potable et la continuité de service, tout en faisant en sorte que le chantier aboutisse”, précise-t-elle. “Cela représente au minimum une réunion de chantier par semaine, multiplié par le nombre de projets qui se déroulent en même temps”, analyse-t-elle.

En parallèle, certaines phases sensibles requièrent une attention particulière en termes de sécurité et d’impact sur la production et nécessitent une plus grande implication. C’est le cas actuellement à l’usine de Neuilly-sur-Marne avec le remplacement d’une vingtaine de vannes qui mesurent entre 1 000 et 2 000 mm de diamètre. Un tel chantier requiert des arrêts d’eau pendant lesquels l’équipe dispose d’un délai maximum de 72h pour fermer les vannes, vidanger, pratiquer l’intervention nécessaire, remplir à nouveau les conduites, vérifier que la qualité de l’eau est satisfaisante et remettre les biefs2 en exploitation.

Adeline prend régulièrement des photos des installations pour les répertorier.

Mais l’organisation de ce type d’opération prend du temps. En effet, au préalable, il est nécessaire d’analyser les documents d'exécution qui décrivent comment les choses vont se passer ou de vérifier les demandes d’agréments de fourniture pour contrôler les produits et matériaux qui seront installés lors du chantier. “En cas d’intervention sensible, on sollicite les autres services de l'usine pour s'assurer que c'est envisageable et sous quel délai. Si c'est le cas, on vérifie que les équipes en charge de la mise en sécurité des installations sont disponibles et une demande d'intervention est formalisée. On établit alors les documents de sécurité nécessaires”, explique Adeline. Ce doit être très carré et cadré !

Adeline et son responsable supervisent le remplacement de la vanne.

Une fois cette phase théorique terminée, Adeline se déplace sur le chantier et s'assure que les documents ont bien été signés, que chacun porte ses équipements de protection - un aspect essentiel -, et que le chantier se déroule comme prévu, en toute sécurité et sans impacter l'exploitation. Garantir la sécurité des collaborateurs est un fil conducteur dans son quotidien. “Notre métier repose sur beaucoup de pédagogie. Nous devons d’une part expliquer aux équipes qui œuvrent sur le chantier comment fonctionne l’usine et d’autre part raconter à celles qui travaillent dans l’usine comment va se dérouler le chantier. Chacun va devoir s’adapter aux contraintes de l’autre partie durant la durée des travaux. Et ce n’est pas forcément simple”, conclut-elle. 

Remplacement d'une vanne de 2 000 mm de diamètre qui nécessite un arrêt d'eau de 72 heure.

Recueillir et transmettre les besoins identifiés par ses collègues

Dans le cadre de ses fonctions, Adeline a également pour mission de remonter au SEDIF des besoins urgents constatés par ses collègues en cas de vétusté de certains équipements. On parle alors de travaux délégués. En pareille hypothèse, Adeline rédige un rapport justificatif pour présenter le besoin, qu’elle transfère ensuite à la DACE qui valide la demande. En 2023, des travaux délégués ont ainsi pu être réalisés pour remplacer des manchons Dilatoflex, dispositif destiné à compenser les mouvements de terrain auxquels sont soumises les canalisations. “L’emplacement stratégique et l’âge de ces équipements nous ont poussé à faire une demande de travaux délégués, dont la procédure, plus souple, nous a permis d’intervenir rapidement et d’éviter une fuite susceptible d’entraîner un arrêt usine, que l’on souhaite absolument éviter !”, commente Adeline. 

Un métier dans lequel on ne s’ennuie pas…

Adeline et son collègue, Alexandre Jan.

Son travail de Chef de projet est très varié. Il faut savoir s'adapter et jongler en permanence entre plusieurs sujets en même temps. Il est aussi en lien avec énormément d'interlocuteurs. Adeline travaille avec deux personnes dans son service au quotidien : Eric Lassée, son responsable hiérarchique, et Alexandre Jan. Tous les trois interviennent sur les mêmes missions, mais avec des compétences très complémentaires. “En interne, nous sollicitons régulièrement nos collègues de l'exploitation, de la maintenance, des travaux du réseau, du siège et notre direction. En externe, mes interlocuteurs privilégiés sont le SEDIF et sa maîtrise d'œuvre, sans oublier les entreprises qui réalisent les travaux avec lesquelles on communique tous les jours”, conclut-elle. Chef de projet, c’est un métier dans lequel on ne s'ennuie pas, aucune journée ne ressemble à la précédente. Son rôle s’apparente à celui d’un chef d’orchestre qui fait l’interface entre différents univers pour qu’ils fonctionnent harmonieusement ensemble.

Adeline et son responsable, Eric Lassée.

… Au coeur de la production de l’eau potable

Ce que j’aime vraiment c’est être dans les coulisses de la production de l'eau potable et comprendre comment tout s'articule”, s’enthousiasme Adeline. “Se dire que son métier participe à fiabiliser, à moderniser les installations qui vont nous permettre d'acheminer en continu jusqu'aux robinets des 4 millions de consommateurs du territoire une eau saine et de qualité, c'est très motivant”, poursuit-elle. Et ce d’autant plus qu’Adeline a la fibre environnementale chevillée au corps. “La préservation de l'environnement me tient vraiment à cœur et je suis heureuse et fière de travailler dans cette industrie et de me dire que c’est un peu grâce à moi si les choses avancent dans le bon sens !” 

1 La réglementation française distingue les sites industriels en fonction des quantités et des types de produits dangereux qu’ils stockent. Il existe le “Seveso seuil bas” et le “Seveso seuil haut”.

2 Dans un réseau de distribution d'eau, le bief est la partie de conduite comprise entre deux vannes.

Copyright : Yves Bittar