Sandra Thomas est Technicienne Patrimoine Réseau chez Veolia Eau d'Île-de-France, au sein du département Système d'Information Géographique (SIG). Son rôle ? Scruter les plans des canalisations d'eau potable dans les sous-sols pour en établir la cartographie précise. Une mission indispensable pour aider les équipes techniques et les entreprises de travaux durant leurs interventions sur le terrain, tout en assurant leur sécurité. Mais pas besoin de casque ou de chaussures de marche pour rencontrer Sandra. Suivez-nous, tout se passe dans les bureaux de Veolia Eau d'Île-de-France, à Nanterre, où cette cartographe nous raconte son métier hors du commun.
Concrètement, Sandra cartographie ce qui se trouve sous la chaussée et les trottoirs, ce qui est invisible au public : le réseau d'eau potable du Syndicat des Eaux d'Île-de-France (le SEDIF) et d'une partie de celui des Etablissements Publics Territoriaux Est Ensemble et Grand-Orly Seine Bièvre. Ou plutôt l'immense réseau : près de 8 700 km de canalisations et 650 000 branchements¹ environ répartis dans 150 communes en Île-de-France. Ainsi, elle peut fournir aux équipes d'intervention des informations extrêmement précises afin qu'elles puissent opérer le plus efficacement possible et en toute sécurité. Pour y parvenir, Sandra et ses collègues doivent maintenir à jour cette très grande carte du réseau d'eau potable. D'ailleurs, Sandra compare naturellement ce gigantesque réseau d'eau à un réseau sanguin et utilise instinctivement, au cours de notre échange, le champ lexical du corps humain. « L'usine de production d'eau potable, c'est le cœur, d'où partent les "feeders". Ce sont de grosses canalisations qui agissent comme des artères en venant transporter l'eau vers les plus petites canalisations. Et telles des veines, celles-ci assurent ensuite la distribution de l'eau jusqu'aux robinets des consommateurs. »
Au vu de la complexité de ce réseau d'eau potable et de ces chiffres impressionnants, on comprend pourquoi le travail de Sandra exige une rigueur millimétrée. Intervenir sur ces cartes, c'est y représenter et y positionner tout ce qu'on ne voit pas à l'œil nu, ce qui est en dessous des routes, des trottoirs…
C'est-à-dire toutes les canalisations et les nombreux branchements présents sur le périmètre, ainsi que les très nombreux équipements nécessaires à la distribution de l'eau en continu et dans d'excellente condition au robinet des consommateurs, tels que les vannes, les réservoirs, les usines, les forages, les galeries et les chambres de vannes.
Des cartes indispensables aux chantiers
Sandra intervient dès qu'il y a une déclaration de travaux ou d'intention de travaux de la part d'une entreprise prévoyant un chantier sur le territoire, quelque soit l'objet de celui-ci. Elle va alors fournir la carte du lieu de l'intervention signalant la présence ou l'absence de réseau dans la zone. Ce sont ces informations plus que précieuses qui viendront guider les techniciens. Ces cartes sont également utilisées par les intervenants externes, comme les techniciens d'EDF.
Ainsi, grâce au travail de Sandra et de ses collègues, chaque équipe sait précisément où sont placées les canalisations d'eau avec une marge d'erreur qui tend vers 40 cm, comme exigé par la réglementation. « Sans ces précisions, ils risquent de creuser n'importe où et casser une grosse canalisation par exemple. Et là, si j'exagère un peu, vous vous retrouvez avec une pelleteuse qui fait un bond de 8 mètres sous la pression de l'eau, ce qui pourrait être catastrophique. Plus sérieusement, une fuite sur une canalisation, telle qu'un feeder (avec un diamètre pouvant aller jusqu'à 3 m), peut entrainer une inondation et/ou un arrêt d'eau à grande échelle avec des impacts lourds sur les consommateurs et les infrastructures », raconte Sandra. Sans aller jusqu'à ce scénario de crise, ces cartographies sont de véritables alliées pour effectuer des interventions sur le terrain dans les meilleures conditions avec deux maître-mots : la sécurité et l'efficacité.
Une mise à jour continue des cartes de réseau d'eau potable
Une fois que les équipes sur le terrain sont intervenues pour rénover le réseau d'eau potable, Sandra reçoit de leur part « un plan de récolement ». Ce plan matérialise les travaux réalisés par les techniciens sur le réseau.
Sandra doit alors intégrer ces nouvelles données dans une application SIG (Système d'Information Géographique) nommée « Atlas », grâce à laquelle elle va mettre à jour les cartes digitalisées du réseau d'eau potable sur le territoire. « Atlas, c'est une sorte de Google Maps des réseaux d'eau potable », précise-t-elle, « d'autant plus qu'il fonctionne avec les données de l'Institut national de l'information géographique (IGN). On peut facilement naviguer d'une canalisation à une autre, d'un branchement à un autre. On y matérialise tous les travaux qui ont été réalisés sur le terrain. Par exemple, quand on change une canalisation, je "gomme l'ancienne" et "redessine" la nouvelle sur nos cartes, en y indiquant toutes les informations techniques : localisation, date et technique de pose, matériau utilisé, diamètres intérieur et extérieur… Avec ce logiciel, on passe ainsi du réel au virtuel, en étant au plus près de la réalité du terrain en vue d'interventions futures qui pourraient avoir lieu au même endroit. »
Le cartographe est au carrefour de multiples problématiques
Dans son métier, Sandra apprécie par dessus tout imprimer des cartes thématiques à la demande. Cela ne fait pas partie du process de mise à jour, mais ça représente pour elle l'aboutissement d'un travail minutieux et indispensable, tellement utile aux équipes de Veolia Eau d'Île-de-France, aux autres concessionnaires, comme ENEDIS ou des opérateurs téléphoniques par exemple, mais aussi aux pompiers pour localiser notamment les bouches incendie. « Veolia Eau d'Île-de-France fournit l'eau potable sortant des bouches incendie », explique Sandra. « En cas d'arrêt d'eau, pour une fuite ou autre, il est indispensable pour les pompiers de savoir précisément quelles bouches sont concernées. » Ainsi, s'ils doivent intervenir au même moment pour un incendie, ils sauront sur quelle autre bouche d'incendie se brancher. Et tout cela nécessite d'harmoniser en amont les cartes de tous les acteurs. Ce travail, minutieux et essentiel, permet aux pompiers d'agir avec le maximum d'efficacité.
Des cartes, Sandra en « manipule » encore et encore en confrontant ainsi ses propres cartes avec celles de nombreux autres partenaires. Elle échange aussi régulièrement avec les collectivités pour les problématiques d'amiante par exemple. L'objectif est alors d'identifier avec eux les endroits où l'on peut trouver de l'amiante, souvent présent dans le goudron utilisé pour faire les routes, afin de préserver la santé des agents de Veolia Eau d'Île-de-France amenés à percer la chaussée.
En interne, Sandra Thomas collabore régulièrement avec différentes équipes administratives, hydrauliques ou informatiques… « Avec mes collègues de la Direction du Système d'Information, nous effectuons des tests et des mises à jour sur le logiciel informatique Atlas, en vue de son amélioration continue. » Par ailleurs, Sandra est amenée à confronter ses données à celles de l'équipe du ServO², ce qui lui permet de positionner sur ses cartes l'emplacement exact des capteurs placés sur le réseau pour surveiller la qualité de l'eau. L'objectif est toujours le même : avoir les cartes les plus fidèles à la réalité et les plus exhaustives possibles.
L'envie d'apprendre et de progresser, au fil de l'eau
Au quotidien, Sandra travaille dans une équipe d'une dizaine de personnes. Elle n'hésite pas à solliciter ses collègues pour avoir leur avis sur l'interprétation des plans. Chez Veolia Eau d'Île-de-France, elle a découvert le travail collectif, tout en restant très autonome. Cette qualité est d'ailleurs très appréciée par sa responsable, Wen Lu. Et une chose est sûre, Sandra a toujours l'envie d'apprendre.
Quand elle a commencé chez Veolia Eau d'Île-de-France en 2018 après un contrat en alternance chez Suez à Montélimar, Sandra débordait déjà d'enthousiasme, avec toujours ce souci de la perfection. Au sein de l'équipe du SIG, elle a plus que jamais toutes les cartes en mains pour continuer un beau chemin professionnel.
¹ Un branchement relie le réseau d'eau public au réseau privé des consommateurs via le compteur.
² Le ServO est le centre de pilotage du Service public de l'eau qui traite en continu des millions de données afin d'optimiser l'approvisionnement en eau potable à l'ensemble des consommateurs du territoire du SEDIF.
Copyright : Grégoire Voevodsky, Agence Everyday, Veolia Eau d'Île-de-France